MR73
J'avais déjà beaucoup aimé 36, Quai Des Orfèvres, le précédent long-métrage d'Olivier Marchal, très noir, très réaliste, un bon polar à la française comme on n'en voit plus depuis bien longtemps... Il nous plongeait dans les abîmes d'une police et d'un système judiciaire sclérosé et corrompu. Et comme le réalisateur est un ancien flic, forcément, on a tendance à croire ce que l'on voit dans ses films et on se dit que la police, c'est ça... oupsss c'est bien ça le plus angoissant. Avec MR73, on remet ça, c'est toujours aussi réaliste et dur, peut-être même pire, c'est ce que j'ai ressenti en tout cas... Ce film nous prend aux tripes et ne rassure en rien sur notre société... Le film se passe dans un Marseille noir, une atmosphère glauque et si pesante qu'on se demande bien si le soleil va y briller un jour, on est bien loin de la mer bleue, du Marseille idyllique qu'on peut voir sur les cartes postales ou imaginer en plein été. Il pleut sans arrêt dans ce film et la nuit est partout... A la recherche d'un tueur en série, à la découverte d'un ancien meurtrier qui a berné le système avec quelques belles phrases et une farouche volonté, à la poursuite des démons de son passé qui enterre la vie de cet homme pourtant encore vivant, survivant on ne sait comment... Les flics d'MR 73 sont tous des "bombes à retardement", des hommes qui n'attendent plus grand chose de la vie, prêts à imploser ou exploser à chaque occasion. Forcément, le constat fait peur. Tout autant que celui de notre belle justice, qui laisse sortir de prison un tueur acharné et machiavélique condamné théoriquement à perpétuité, pour "bonne conduite".... Est-ce que la torture et le massacre de deux innocents peut être oublié, racheté et la personne responsable de cela lavé de tout un beau jour, sous prétexte de bonne conduite en prison, difficilement acceptable... un tueur comme cela reste un tueur à vie et lui aussi une bombe à retardement qui ne demande qu'à sortir de sa cage pour recommencer à nouveau... "J'espère qu'il tuera à nouveau" balance Olivia Bonamy à son avocat. Des phrases chocs que l'on retrouve tout au long du film, des mots crus, violents, que l'on reçoit comme un coup de poing en plein visage qui arrive sans prévenir. Sur les flics, la justice, la vie... un sentiment de mal-être, un goût amer que l'on garde en sortant de la salle de cinéma même si l'image de la fin est porteuse d'espoir, la vie continue malgré tout et même dans l'horreur, il y a le sens de la vie à ne pas oublier... je n'en dis pas plus... Sans oublier l'extraordinaire prestation de Daniel Auteuil, tout bonnement hallucinant en flic à la dérive, alcoolique... Après plus de 30 ans de carrière, il arrive encore à nous bluffer, nous laissant sans voix et sans mot, tant son rôle lui colle à la peau, le rapprochement est inévitable avec Olivier Marchal, même la ressemblance des deux hommes est frappante. MR 73, un film magistral, glauque mais qui sent le vécu, car la vie, c'est pas toujours beau, malheureusement... Bizarrement, on en redemande des films comme ça...